Trail l’Ardéchois – 27 avril 2013

J’ai eu envie de publier cette article alors que nous sommes le 28 avril 2020 ! Nous sommes en confinement depuis 6 semaines et toutes les courses au calendrier printanier sont annulées. Pour cause de Coronavirus !

Et je me suis rappelé qu’il y a 7 ans, je courais l’Ardéchois, je n’avais pas encore de camsport, juste un petit appareil photos qui a su capturer les « conditions du jour ».

J’avais perdu mon papa en novembre 2012 après plusieurs années de maladie. Cette course était la 1ère que je faisais après son départ et je savais que j’allais beaucoup penser à lui lors de ce trail.
Mon papa adorait lorsque je revenais d’une belle course, voir mes photos et m’entendre raconter !

Le récit ci-dessous est tel que je l’ai écrit il y a 7 ans, j’avais pour habitude après chaque belle course, d’écrire un résumé.
Et celui-là il est vraiment spécial car les conditions ont été très difficiles.
Sur la totalité des coureurs engagés, seulement la moitié allait franchir la ligne d’arrivée.

Je vous laisse avec mon résumé de l’époque !

Au départ, il pleut déjà

Samedi 27 avril 2013

Trail L’Ardéchois – 37 km

6 h 06 mn – Moyenne au km : 9 mn 56 sec.

1595 m de dénivelé

Je finis après 37 km en 6 h 06 mn sourire aux lèvres…

668ème sur 795 arrivants

Depuis le mercredi, la météo était annoncée mauvaise

Je prends le départ…

Et oui, depuis le vendredi soir, je me tue de le répéter à tous, demain je prends le départ et puis je verrai…

La météo annoncée n’est pas bonne du tout, tant pis…

Ce que personne ne sait, c’est que j’ai bien dans l’idée de le faire quoi qu’il se passe.

Samedi matin, réveil après une nuit courte mais très sereine, je sais dans ma tête que je le ferai !

Si j’avais besoin d’un dernier feu vert, je l’ai 1 h avant le départ d’une collègue qui me dit « je suis en forme, oui je cours », donc on sera au moins deux, car beaucoup ne prennent même pas le départ vu le temps.

Nombre de mes collègues d’ailleurs ne prendront pas le départ, c’est un choix à respecter et que je comprends !

Les copains me demandent, « tu fais quoi ? », « je prends le départ et je tourne au bout d’un moment ! »

Ce que je ne dis pas c’est que le but est de tourner…après la ligne d’arrivée !!!

8 h, c’est parti sous la pluie, les copains me disent à bientôt, tu arrêtes quand tu veux…

Ça monte tout de suite et pour 11 km. Très prudemment j’y vais à mon rythme.

Km 5 : 45 mn

Altitude 900 m, premiers flocons

Km 11 : 2 h de course, je suis en haut de la 1ère difficulté, et le sol blanchit petit à petit, mon envie d’aller au bout est toujours là.

Je suis en fin de peloton, mais je m’en fous.

Km 13, j’appelle un copain resté sur la ligne de départ, il me demande « tu arrêtes quand ? », ma réponse le laisse sans voix « mais je n’arrête pas… »

Je prends le temps de faire des photos, je ne suis pas à quelques minutes près, et je prends mon pied.

Non, je n’ai pas froid aux jambes !

Km 17 : je rattrape un collègue. Nous irons jusqu’au ravito du km 24 ensemble.

Quand ça ne glisse pas, ça colle !

Que de boue dans les chemins, plus la neige.

Km 19, ruine du château de Rochebonne, nous avons quitté la neige, mais pas la pluie.

Les ruines du château de Rochebonne
Je ne suis pas à quelques minutes pour prendre la pose !

Ça bouchonne pour descendre dans les rochers et atteindre les cascades à franchir.

En direction des cascades à la sortie des ruines

Beaucoup de temps perdu, mais ça ne fait rien, l’objectif pour moi est de finir, le chrono ne m’intéresse pas aujourd’hui à tel point que je ne regarde ma montre que pour voir les kms défiler.

Les cascades

Km 24 : ravitaillement, je prends le temps de manger et c’est reparti et j’ai toujours la forme. Pas grand monde derrière ; mais encore une fois, là n’est pas le but et je sais que si je continue à garder le rythme, je vais à un moment doubler.

Je n’attends pas mon collègue, objectif accélérer un peu, vu que je suis en pleine forme à ce stade de la course.

Il reste 5 km de montée, ça va le faire !

J’ai beaucoup marché, pas pris de risques, je suis en dedans de mes moyens, maintenant je vais faire la course…

Là, le froid et le vent s’invitent ; La neige se jette pour nous agresser de côté.

Il faut être très lucide pour choisir le meilleur passage pour éviter la boue qui maintenant dépasse les chaussures, la neige qui fouette et fait mal aux yeux et surtout penser à baisser la tête pour éviter les branches qui plient sous le poids de cette neige lourde car bien mouillée.

Les doigts frigorifiés s’engourdissent, une pause s’impose pour sortir les gants, ouf petit à petit, mes doigts me font de moins en moins mal.

L’objectif dans ma tête était d’atteindre le km 29 qui signifiait la fin des montées, et ma foi j’arrive à ce km 29 en pleine forme.

Je suis prêt pour finir les 8 derniers km

Et là, je me met à doubler, encore quelques photos, mais je suis tellement bien, que je range l’appareil et je fais « tirer ».

A moi les descentes, j’ai les cuisses pour relancer et absorber les difficultés du terrain, et je double, je double, je prends un plaisir immense, je plaisante avec certains, j’encourage d’autres bien mal en point et moi je cours dans un terrain très accidenté, mais je me régale. Toujours lucide à choisir la meilleure trajectoire…

Cela me rappelle quand j’étais petit, mon plaisir était de « gambader » dans les flaques, j’adorais ça !

Je double environ 70 coureurs dans ces derniers km pour finir avec un grand sourire…

Lors de ma descente, je double un coureur en tee-shirt, il est frigorifié ! Je lui demande si il a une veste et il me répond « non, je ne savais pas qu’il allait faire ce temps » La météo l’annonçait depuis le mercredi !!!

Un peu plus loin je double une fille qui a les doigts tellement gelés qu’elle n’arrive pas à ouvrir son sac. Je m’arrête quelques instants pour l’aider, ses gants sont trempés, finalement elle sortira une paire de chaussettes qu’elle mettra à ses mains pour essayer de se réchauffer !

Je n’ai pas été vite sauf sur la fin, mais je l’ai fait et je termine dans un état de fraîcheur qui même moi m’impressionne. Je finis avec le sourire

J’aurai pu faire bien mieux finalement, j’en ai trop gardé sous le pied, mais quel plaisir alors que tant ont abandonné sur le parcours.

Heureux de ma matinée.

Tout au long du parcours, à plusieurs reprises j’ai pensé à lui, et là, dès la ligne d’arrivée franchie, je suis fier de lever la tête et de regarder le ciel en pensant à mon papa…

JE L’AI FAIT…


3 Commentaires

  1. Grindler Gilles

    Ce fut un plaisir de participer, virtuellement, à cette Ardéchoise ensoleillée !

    Répondre
    1. accrorunning (Auteur de l'article)

      Pas trop de courbatures le lendemain ? 😉

      Répondre
  2. Isa

    Complètement givré le gars 😉
    Bravo !

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *